Climat tendu à La Tuque: des appels au respect

L'écho de la Tuque 30 juillet 2025
PREMIÈRES NATIONS. Un événement survenu à La Tuque soulève l’inquiétude du Centre d’amitié autochtone et de citoyens atikamekw, alors que des comportements discriminatoires ont été rapportés dans un contexte déjà marqué par des tensions liées au blocus forestier.
Depuis plusieurs semaines, La Tuque traverse une période de tensions accrues, alimentées par les impacts économiques du blocus forestier en cours. Dans ce climat, certains gestes et propos discriminatoires à l’égard des membres des Premières Nations suscitent une vive inquiétude.
Le Centre d’amitié autochtone Capetciwotakanik – La Tuque dénonce la recrudescence du racisme dans l’espace public et appelle à un retour au dialogue et au respect mutuel. “Ce climat d’hostilité, alimenté par la désinformation et la frustration, menace le tissu social que nous avons mis tant d’efforts à tisser ensemble”, déplore l’organisme dans une lettre ouverte adressée aux élus et à la population.
Cette sortie publique fait suite à un incident rapporté par une citoyenne atikamekw, Jolene Tcatci, dont le fils de 21 ans aurait été victime d’intimidation à caractère raciste dans un commerce de restauration rapide à La Tuque.
L’événement se serait produit en matinée, alors que de nouveaux clients, visiblement des travailleurs forestiers, seraient entrés après lui. “Un des gars lui a demandé s’il était autochtone ou indien. Mon fils a dit oui. Puis là, il s’est fait dire: ”Si tu deviens sale, retourne dans ta petite réserve. J’espère que tu ne vas pas nous empêcher de travailler toi aussi””, relate Mme Tcatci.
Selon elle, les moqueries auraient continué pendant que son fils attendait sa commande. “Il m’a dit qu’il était tout seul, qu’il ne pouvait pas se défendre. Même la personne au service semblait trouver ça drôle”, ajoute-t-elle, encore ébranlée. “En tant que maman, je ne peux pas accepter ça. Ça m’a brisé le cœur.”
Mme Tcatci dit avoir reçu de nombreux témoignages similaires après avoir partagé l’événement sur ses réseaux sociaux. “Plusieurs m’ont écrit pour dire qu’ils ont vécu la même chose que moi, mais qu’ils n’osaient pas en parler. C’est pour ça que c’est important de dénoncer. Il faut que ça cesse.”
Pour Jolene Tcatci, cet incident n’est malheureusement pas isolé. “Mon fils est un jeune homme calme, respectueux. Il n’a rien fait pour provoquer qui que ce soit. Et pourtant, juste parce qu’il est Atikamekw, il s’est fait humilier devant tout le monde”, confie-t-elle, encore bouleversée.
Elle souligne que ces microagressions, parfois banalisées, laissent des marques profondes. “Ce n’est pas juste une blague de mauvais goût. C’est une atteinte à sa dignité, à son identité.”
La mère de famille tient à rappeler que la situation actuelle ne devrait jamais servir de prétexte à des propos haineux. “Il y a des gens qui souffrent à cause du conflit forestier, je le comprends. Mais ce n’est pas en s’attaquant aux Autochtones qu’ils vont régler leurs problèmes”, insiste-t-elle. “Nous aussi, on vit les conséquences de cette crise. Mais on n’a pas choisi ça. Mon fils n’est pas responsable de ce que les chefs négocient. Il a juste le droit d’aller manger un déjeuner tranquille, comme tout le monde.”
Le Centre d’amitié appelle les élus municipaux, les représentants atikamekw et les leaders économiques à condamner publiquement les propos haineux et à réaffirmer que le racisme n’a pas sa place à La Tuque. “Les tensions exacerbent les préjugés et réactivent des stéréotypes qui nuisent à la cohésion sociale et à la dignité humaine”, rappelle l’organisme.
Tout en reconnaissant les difficultés vécues par les travailleurs touchés par les enjeux forestiers, le Centre insiste. “Dans un climat tendu, des paroles ou des gestes peuvent blesser injustement des personnes qui ne sont en rien responsables de la situation.”
Il invite la population à faire preuve de discernement et de responsabilité dans les échanges publics, notamment sur les réseaux sociaux. “Favorisons le dialogue, afin de préserver un climat de respect et de compréhension mutuelle. Ensemble, choisissons l’ouverture, la compréhension et le respect”, conclut l’organisme.